mercredi 7 août 2013

Sonny Wade


Il n’y a pas seulement la performance…  Il y a aussi le timing.  Sonny Wade en est un bon exemple.  Il a connu une carrière en dents de scie et possédait des faiblesses importantes.  Toutefois, lorsque ça comptait…
Wade connut d’abord une carrière universitaire remarquable avec le Emory and Henry College, situé dans sa Virginie natale, où il s’illustra autant au football qu’au baseball et au basketball.  Il fut ensuite sélectionné en 1969 en dixième ronde, 236e au total, par les Eagles de Philadelphie.  Ayant reçu une offre similaire de leur part, il se dirigea pourtant vers Montréal, où les Alouettes se relevaient d’une saison de 3-9-2 et étaient dans une période sombre.
Utilisé comme quart et comme botteur de dégagement, il eut l’occasion d’apprendre au sein d’une équipe tout aussi médiocre (2-10-2).  Ses résultats furent à l’image de la performance de l’équipe.  Ses passes furent complétées à 47,1%, pour 12 touchés, mais pour pas moins de 30 interceptions.  Sa générosité envers les adversaires devint d’ailleurs au fil des ans pratiquement une marque de commerce.
L’année 1970 fut l’occasion d’un nouveau départ pour l’organisation.  Sam Berger (voir texte du 5 novembre 2012) acheta l’équipe et ramena d’anciens joueurs de l’époque glorieuse à Montréal.  Red O’Quinn (alors avec Ottawa) devint directeur gérant et l’unique Sam Etcheverry (voir textes des 2 et 6 juillet 2013) devint entraîneur.  Wade, comme le reste de l’équipe, fit des progrès intéressants.  Son taux de succès par la passe monta à 52,8%, pour 17 touchés.  Il fut néanmoins victime de 31 interceptions et 14 sacs.
L’équipe améliora sa fiche à 7-6-1, une première saison au-dessus de ,500 en douze ans.  Elle put ainsi participer aux séries éliminatoires et, à la surprise générale, se faufiler à la Coupe Grey pour la première fois depuis 1956.  Sur un terrain des plus boueux, Wade s’illustra et mena les Zoiseaux à une victoire de 23-10, contre Calgary.  Lors de cette victoire des Alouettes, la deuxième de leur histoire, Wade fut nommé le joueur du match.
Les années 1971 et 1972 semblèrent démontrer un retour aux années précédentes.  Les résultats de l’équipe furent moins intéressants et Wade était toujours aussi généreux de ses interceptions (27 et 26 respectivement).  Il connut même un match de sept interceptions le 24 septembre 1972, contre Calgary.
La situation s’améliora en 1973 avec l’arrivée de Marv Levy, mais Wade se blessa et ne joua qu’un match.  Lorsqu’il revint en 1974, sa place était prise.  Il dut donc joué les seconds violons derrière Jimmy Jones.  Pourtant, au match de la Coupe Grey, il fut appelé en relève.  Le ciel de Vancouver se chargea de détremper le terrain et rendre à nouveau les conditions difficiles.  Wade mena alors les Alouettes à une autre victoire, contre les Eskimos cette fois.   Il fut d’ailleurs nommé joueur offensif du match.
Même scénario en 1975, même si Wade a joué un peu plus souvent.  Les Alouettes retrouvent les Eskimos en finale, qui se déroule dans des conditions glaciales à Calgary.  Avec 3:49 à jouer, Wade est appelé en relève à Jones avec une marque de 9-7.  Il réussit une remontée intéressante qui place les Alouettes en position pour un placement décisif.  Toutefois, en raison des conditions difficiles, la remise est mal saisie par… Jones.  Don Sweet rata son placement et dut se contenter d’un simple.  Les Eskimos prirent leur revanche, 9-8.
En 1976, Jones prit la direction de Hamilton et Wade redevint numéro 1.  Ça ne l’empêcha pas d’accorder 27 interceptions, alors que l’équipe retourna à une fiche négative, 7-8-1.
Pour 1977, le poste de quart partant était destiné à Joe Barnes, mais suite à une blessure, il dut être partagé avec Wade.  La recette eut du succès.  L’équipe termina en tête de la division est (11-5) et joua la première finale au Stade Olympique.  Leurs adversaires étaient leurs éternels rivaux, les Eskimos.
Au lendemain d’une tempête de neige, au milieu d’un terrain complètement gelé, alors que la plus grosse foule de l’histoire de la Coupe Grey (68 318) s’est rendue au Stade malgré une grève des transports, les Alouettes écrasèrent les Eskimos 41-6.  Dans ce qui est devenu le Ice Bowl, les Alouettes furent aidés par l’astuce de Tony Proudfoot, qui eut l’idée de mettre des broches dans ses crampons pour améliorer sa traction et qui refila le tuyau à ses coéquipiers.  Encore une fois, Wade fut nommé le joueur offensif du match.
En raison de blessures, Wade joua peu en 1978, mais ça n’empêcha pas le scénario de se répéter.  Encore une fois, les Alouettes affrontèrent les Eskimos en finale.  Wade fut encore appelé en relève.  Il mena une remontée, mais cette fois, les Alouettes furent stoppées.  Les Eskimos mirent alors la main sur leur première de cinq Coupes consécutives, gagnant 20-13.
Les Alouettes décidèrent ensuite rajeunir l’équipe.  De son côté, Wade tenta sa chance avec les Eagles de Philadelphie, l’équipe qui l’avait initialement repêché.  Il fut toutefois blessé au camp, et c’est ainsi que se termina  sa carrière de joueur.
En dix saisons, toutes avec les Alouettes, il accumula 90 passes de touchés et un ronflant total de 169 interceptions.  Il irrita les partisans, fut pratiquement échangé en 1973 (jusqu’à ce que Hamilton change d’idée) et encore en 1977 (à Calgary), fut qualifié de lâcheur par Sam Berger mais pourtant… il détient trois titres de joueur du match de la Coupe Grey, un record qu’il détient avec Doug Flutie.  Il détient toujours le record d’équipe, avec 852 bottés de dégagements effectués.
Il retourna ensuite en Virginie, où il travailla dans l’industrie du vêtement, au niveau des ventes et du marketing.  Il est aujourd’hui à sa retraite.
Sources : « Sonny Wade decides to end professional football career », Montreal Gazette, 1er août 1979, p.15, « Retro Profile : Sonny Wade » de Brian Snelgrove, 18 août 2010 (cfl.ca), cflapedia.org, wikipedia.org.

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