vendredi 22 novembre 2013

St-Hyacinthe, gagnante de la Coupe Grey


Avec les années qui passent et le nombre de personnes qui l’ont vécu qui diminue, on oublie parfois l’impact qu’a eu la mobilisation totale durant la Deuxième Guerre Mondiale.  Bien qu’il y ait eu des répercussions beaucoup plus sérieuses dans d’autres sphères de la société, le sport professionnel n’a pas été épargné.
 
En 1942, 1943 et 1944, les activités habituelles du « Big Four » (aujourd’hui la division est de la LCF) furent suspendues et des équipes de militaires participèrent à la quête de la Coupe Grey.
 
Débutée initialement dans le but de divertir ses hommes, une équipe fut formée par des marins stationnés à la base NCSM Donnacona, sur la Drummond, à Montréal.  À ce groupe s’ajouta des marins de l’école de signaleurs, située à St-Hyacinthe.  Comme l’équipe comprenait des membres de deux régiments différents, on décrivit l’équipe comme un « combine ».  L’alignement changea au fil des assignations de chacun, puisque le premier focus demeurait ce qui se passait du côté militaire et évidemment, au front.  Les pratiques donnèrent également lieu à des scènes cocasses.  Sur le terrain, tous étaient égaux.  Il arriva que des reproches furent adressés à des (nouveaux) coéquipiers qui s’avérèrent être… des commandants.
 
On retrouva parmi l’alignement autant des joueurs qui avaient déjà joué au niveau professionnel, comme Jack Wedley, qui avait joué avec les Argonauts ou Louis Segatore, qui joua à Montréal dans les années 1930, que d’autres qui connurent plus tard des carrières professionnelles, comme John Taylor, qui gagna la Coupe Grey avec les Alouettes en 1949 et Pat Santucci, qui la gagna avec les Argos en 1946.
 
Glen Brown, en plus de jouer sur ligne, autant offensive que défensive, était l’entraîneur de l’équipe.  À noter que Brown fut plus tard, de 1956 à 1973, député libéral de Brome à l’Assemblée nationale.
 
L’équipe prit d’abord part aux activités de la Quebec Rugby Football Union (QRFU, niveau senior) en 1943 et montra une fiche de 6-4.  En 1944, elle termina première, ce qui lui permit de jouer pour la Coupe Grey contre les Flying Wildcats de Hamilton de l’Ontario Rugby Football Union (ORFU).
 
L’équipe adverse était loin d’être complètement dépourvue de talent, puisqu’elle comptait sur Joe Krol, qui connaîtra par la suite une carrière tout étoile avec les Argonauts.
 
La guerre qui s’éternisait n’était par contre pas de nature à créer une fièvre de la Coupe Grey.  Les gens avaient la tête ailleurs.  De plus, Hamilton était largement favori, avec comme résultat que l’événement reçut peu de couverture médiatique.  Un seul journaliste fut envoyé de Montréal pour couvrir l’événement.  Il arrêta à Toronto pour couvrir le match des Leafs et décida ensuite de ne pas se rendre à Hamilton.  La foule, au nombre de 3871, fut aussi l’une des plus petites de l’histoire.
 



En bout de ligne, St-Hyacinthe-Donnacona créa la surprise et remporta un duel défensif 7-6.  Par contre, la reconnaissance de cette victoire ne fut pas immédiate.  L’administration de la Marine refusa la Coupe Grey, puisqu’elle avait comme politique de ne pas reconnaître les matchs joués contre des civils.  Il n’y eut donc pas de récompense.  Ce n’est qu’en 1969 que le commissaire de la LCF, Jake Gaudaur, permit aux gagnants de débourser 300$ pour se procurer une bague.

 
En 1994, la victoire du Combine fut soulignée dans le cadre des festivités de la Coupe Grey.  L’équipe fait depuis partie du Temple de la Renommée des Sports des Forces Armées.
 
Sources :
 
Januska, Michael, Grey Cup Century, Dundurn, 2012, p.85 à 87,
 
"Combines won Montreal’s second Grey Cup" de Ian MacDonald, 25 novembre 2005, Montreal Gazette (canada.com), "St-Hyacinthe remporte la Coupe Grey!" de Paul Foisy, 20 novembre 2008 (rds.ca), "Former Navy vet was one of youngest to win Grey Cup title", 22 juillet 2011, Oakville Beaver (insidehalton.com), assnat.qc.ca, wikipedia.org.

 

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